Depuis désormais une décennie, les frontières de l'Europe sont de nouveau à l'ordre du jour politique. La recherche sur les frontières a réagi et innove en matière de réflexion et d'exploration des frontières. Ce livre retrace cette évolution en se concentrant sur une perspective qui s'intéresse aux réalités de la vie et qui se concentre sur l'expérience culturelle quotidienne des frontières. Les auteurs reconstruisent ces expériences dans le contexte de différentes formes de migration et de mobilité ainsi que dans des situations de contact linguistique. De cette manière, ils identifient empiriquement l'usage culturel quotidien ou les stratégies d'appropriation des frontières comme des expériences très différentes de la frontière. Les lecteurs de cet ouvrage auront un aperçu des développements actuels de la recherche sur les frontières et des réalités de vie en Europe, là où les frontières sont (rendues) pertinentes.
Cet ouvrage porte sur les pratiques quotidiennes, les perceptions et les idées construites à son propos ainsi que sur les espaces frontaliers, et les institutions mises en place à cette échelle. Afin de saisir la richesse et la complexité de représentations associées à la frontière, trois types « d’entrées » sont proposés : une entrée par les pratiques, une entrée par les discours et une entrée par les artefacts.
Les espaces frontaliers sont souvent présentés comme les « laboratoires de l’intégration européenne ». Au-delà des discours et des symboles, quelle signification peut recouvrir la notion de région transfrontalière ? En définissant la région comme une construction identitaire, territoriale et institutionnelle se perpétuant dans le temps, cet ouvrage identifie et questionne les spécificités de ce processus dans le contexte transfrontalier. Cette étude est étayée par une analyse du discours, une opérationnalisation des concepts de territorialité transfrontalière et d’institution suprarégionale. L’instrument juridique européen GECT (Groupement européen de coopération territoriale) offrant un cadre légal à la coopération est analysé en détail.
Un modèle d’analyse pluridimensionnel est développé dans le but d’analyser l’importance des frontières nationales pour les identités spatiales. En prenant pour exemple la Grande Région SaarLorLux, il sera question d’analyser la représentation de l’espace et l’organisation des pratiques de vie quotidienne des habitants de la région, ainsi que les projections spatiales dans les discours politiques. Il en ressort que les frontières nationales jouent un rôle important dans les processus de projection et d’appropriation identitaire des habitant.e.s en dépit des imbrications transfrontalières. Cependant, elles ne sont pas considérées comme des catégories rigides.