La formation continue est une composante essentielle du marché du travail de la Grande Région et de la stratégie de Lisbonne. Pourtant, c’est une réalité complexe à harmoniser au niveau européen et qui résiste à l’analyse statistique. Seules les enquêtes statistiques européennes, en particulier celle sur les forces de travail, permettent de viser une comparabilité satisfaisante des indicateurs. Ils indiquent des insuffisances et imperfections des systèmes de formation continue dans la Grande Région. Ainsi, les taux de participation stagnent dans les composantes de la Grande Région en fin de période, voire baissent au Luxembourg et en Wallonie, et restent sous l’objectif européen de 12,5%. L’allocation des efforts de formation continue paraît sous-optimale dans la mesure où les actifs les mieux formés et dans les grandes entreprises ont un meilleur accès à la formation continue (cf. l’analyse « toutes choses égales par ailleurs »). Quant au contenu de la formation continue, un centrage excessif sur le poste de travail actuel risque de manquer l’objectif européen de « Flex-sécurité ». Si les systèmes de formation continue de la Grande Région ont des caractéristiques identiques, des divergences sont notables.
Par exemple apparaît une ouverture plus prononcée des systèmes luxembourgeois et wallon, à l’origine de formations moins liées au travail actuel et débordant au-delà des heures de travail. La Lorraine se distingue par un taux de participation plus élevé en fin de période, au prix toutefois de formations plus courtes. À l’horizon 2020, la formation continue reste un défi européen et grand régional, avec un objectif de 15%. D’autant plus que les difficultés économiques actuelles risquent de freiner les efforts de formation continue, alors même qu’ils sont un levier pour la sortie de crise.
Sur la base d’une large enquête réalisée en 2010 et 2011 auprès d’un échantillon représentatif de travailleurs frontaliers au Luxembourg, le CEPS/INSTEAD publie, en collaboration avec Forum EUROPA, l’Université de Strasbourg et le CNRS, un cahier consacré à la mobilité quotidienne des frontaliers. Ce cahier regroupe 13 chapitres qui portent sur des thèmes complémentaires, et qui forment une synthèse des principaux enseignements de la mobilité des frontaliers. Un des principaux enseignements de l’enquête est l’augmentation significative du recours au transport en commun comme moyen principal de déplacement domicile-travail, même si l’usage de la voiture reste majoritaire. La qualité de l’offre en transports en commun (temps de parcours, desserte, fiabilité, confort, etc.) joue un rôle déterminant dans le choix du mode de transport par les frontaliers, tout comme les conditions de stationnement au lieu de travail. Les frontaliers habitent en moyenne à 44 km de leur lieu de travail et mettent 53 minutes pour s’y rendre. Cet éloignement au lieu de travail conduit la moitié des frontaliers à partir de leur domicile avant 7h du matin. Les automobilistes sont 60% à se déclarer satisfaits ou très satisfaits de leurs déplacements domicile-travail. Les frontaliers utilisant le train sont en général plus satisfaits car ils sont 74% à se déclarer satisfaits ou très satisfaits. D’ailleurs, c’est au niveau du train que la fatigue se fait le moins ressentir par rapport aux perceptions vécues au quotidien dans les modes de transport. Si 73% des ménages frontaliers possèdent au moins deux voitures, de manière générale l’opinion à propos de la voiture est assez contrastée. Mais la mobilité des frontaliers ne se résume pas au déplacement domicile-travail, puisqu’un frontalier sur cinq se déplace au Luxembourg pour effectuer une activité en-dehors de son travail, principalement pour se rendre au restaurant ou faire des courses. En moyenne, les frontaliers consacrent ainsi 2 heures par jour et parcourent 100 km pour l’ensemble de leurs déplacements.
Ce numéro spécial est dédié aux frontières nationales. Il traite le développement des régions transfrontalières en focalisant sur différentes formes de mobilité. Quatre grands thèmes de l'étude des frontières sont concernés: la mobilité quotidienne transfrontalière, la gestion des flux transfrontaliers, la mobilité résidentielle transfrontalière et les conséquences de la création d'une frontière.
Dans sa contribution « B/Ordering dans la Grande Région : Mobilité – frontières – identités », Christian WILLE remet en question le sentiment d’appartenance pronostiqué des habitant.e.s à l’intersection des quatre frontières dans le cadre des objectifs généraux de la coopération politique régionale. L’auteur étudie « la formation des arrangements ou des configurations de ce qui est familier ou de ce qui est étranger à quelqu’un et dans quelle mesure cette formation peut affirmer qu’il existe bel et bien une identité transfrontalière. » (p.52) et analyse trois caractéristiques principales de la construction identitaire.
Au sein de la Grande Région Saar-Lor-Lux, le développement du travail frontalier s’est accompagné d’une diversification de ses formes, comme l’intérim transfrontalier. Les entreprises de travail temporaire se sont imposées comme de nouveaux intermédiaires de l’emploi au sein de cet espace transfrontalier, favorisant le développement de formes particulières d’emploi et tirant avantage des différences de législations sociales et fiscales entre pays tout en contribuant à la sélection de la main-d’œuvre frontalière.
Au sein de la Grande Région Saar-Lor-Lux, le développement du travail frontalier s’est accompagné d’une diversification de ses formes, comme l’intérim transfrontalier. Les entreprises de travail temporaire se sont imposées comme de nouveaux intermédiaires de l’emploi au sein de cet espace transfrontalier, favorisant le développement de formes particulières d’emploi et tirant avantage des différences de législations sociales et fiscales entre pays tout en contribuant à la sélection de la main-d’œuvre frontalière. Les intérimaires détachés sont relativement bien formés, bien qualifiés et surtout fidélisés par les agences d’intérim. Tout en étant un instrument classique de flexibilité de la main-d’œuvre tout en permettant de recourir à des qualifications absentes sur le territoire, le détachement d’intérimaire constitue également un instrument de gestion des différentiels de coûts de la main-d’œuvre de part et d’autre des frontières. A grande échelle, ces pratiques de détachement transfrontalier risquent d’alimenter un processus de déterritorialisation des systèmes de règles nationales mettant en concurrence au sein de la GR les systèmes nationaux réglementaire dans les domaine notamment de la fiscalité et de la protection sociale.