Border as Method

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Abstract
Français
Frontière comme méthode

S’appuyant sur le concept de la frontière comme méthode de Sandro Mezzadra et Brett Neilson, le présent article explique comment la frontière, dans la recherche sur les frontières, peut aller au-delà de sa fonction traditionnelle d’objet d’étude et servir de cadre épistémique. Comprendre les frontières en tant que méthodes implique d’adopter une position de recherche qui suit la logique de la frontière et qui traite cette dernière comme une position épistémologique, ce qui donne naissance à la pensée frontalière, une manière de penser et de savoir qui fait référence à la créativité et à l’énergie qui ressort de positions de sujet subalternes. En tant qu’instrument épistémique, qui trouve également son jumeau dans le concept d’océan comme méthode, la frontière comme méthode est utile dans le projet de maintenir en vie ces connaissances subalternes, contribuant à une forme puissante de décolonisation. Comme le montre cet article, c’est ce changement de perspective dans la compréhension de la frontière passant d’objet de recherche à angle de recherche, impliqué par l’idée de frontière comme méthode, qui façonne diverses autres conceptualisations concernant les frontières, telles que le concept de borderscape. De toute évidence, il s’agit également d’un raisonnement important qui guide les concepts de bordertextures et de bordertexturing, contre-formations épistémologiques qui reconnaissent qu’une épistémologie des frontières implique nécessairement de penser à l’encontre et au-delà des paradigmes occidentaux.

Anglais
Border as Method

Building on Sandro Mezzadra and Brett Neilson’s concept of border as method, this article explains how the border in border research can go beyond its traditional function as an object of study and work as an epistemic framework. Understanding borders as methods entails adopting a research position which follows the logic of the border and treats the border as an epistemological position, which gives rise to border thinking, a way of thinking and knowing, which refers to the creativity and the energy that emerges from subaltern subject positions. As an epistemic device, which also has its twin in the concept of ocean as method, border as method is helpful in the project of keeping these subaltern knowledges alive, contributing to a powerful form of decolonization. As this article shows, it is this shift in perspective in the understanding of the border from research object to research angle that the idea of border as method entails which informs various other conceptualizations of borders, such as the concept of borderscapes. Most conspicuously, it is also an important line of thought which informs the concepts of bordertextures and bordertexturing, epistemological counter-formations which acknowledge that a border epistemology necessarily entails thinking against and beyond western paradigms.

Allemand
Grenze als Methode

Aufbauend auf dem von Sandro Mezzadra und Brett Neilson entwickelten Konzept ‚border as method‘ (Grenze als Methode) erläutert der vorliegende Artikel, wie die Grenze innerhalb der Border Studies über ihre traditionelle Funktion als Forschungsobjekt hinausgehend als epistemischer Rahmen verwendet werden kann. Grenzen als Methode zu verstehen bringt die Notwendigkeit mit sich, eine Forschungsposition einzunehmen, welche der Logik der Grenze folgt und letztere als epistemologischen Standpunkt, als Grundlage des ‚border thinking‘ betrachtet - einer Denk- und Wissensart, die sich auf die Kreativität und Energie bezieht, die von subalternen Subjektpositionen ausgeht. Als epistemologisches Werkzeug, das sein Pendant ebenfalls im Konzept ‚ocean as method‘ findet, hilft das ‚border as method‘-Konzept dabei, dieses subalterne Wissen wachzuhalten und zu einer wirkmächtigen Form der Dekolonialisierung beizutragen. Der vorliegende Artikel zeigt, dass es eben dieser durch das Konzept der Grenze als Methode hervorgerufene Perspektivenwechsel von einem Verständnis der Grenze als Forschungsobjekt hin zu einem Verständnis der Grenze als Forschungsperspektive ist, der einen wichtigen Beitrag für weitere Konzeptualisierungen der Grenze wie den Borderscapes leistet. Am auffälligsten findet sich das ‚border as method‘-Konzept als Denkansatz in den Konzepten der Bordertexturen und des Bordertexturing als epistemologische Gegenformationen wieder, die berücksichtigen, dass eine Grenzepistemologie von einem Denken gegen westliche Paradigmen und darüber hinaus begleitet werden muss.

Article
axe de recherche
Theorien – Konzepte – Begriffe

Frontière comme méthode

La frontière comme méthode est actuellement l’un des concepts les plus importants et les plus largement cités dans les Border Studies culturelles. Il sert de nouvel angle de recherche qui transcende la signification des frontières en tant qu’objets d’étude. La frontière, et ses caractéristiques associées, devient alors un outil épistémique qui aide à comprendre et à remettre en cause les phénomènes complexes d’inclusion, d’exclusion, de mouvement, de pouvoir, d’inégalités et les discours dominants en matière de frontière. Le concept de ‘frontière comme méthode’ a pris de l’importance avec le livre La Frontière comme Méthode ou la Multiplication du Travail (2019 [2013]) de Sandro Mezzadra et Brett Neilson. Leur idée reprend le concept d’‘océan comme méthode’, introduit par Isabel Hofmeyr en 2012. Dans son article, I. Hofmeyr avait montré comment la mer pouvait être à la fois un site et un sujet d’analyse et de théorisation. Selon elle, l’océan Indien offrait de vastes possibilités de recherche transnationale et de travail intellectuel au-delà des frontières restreignantes des États-nations et des limites proposées par les études territoriales. Depuis, le champ des Études Océaniques considère l’océan « à la fois comme un axe thématique et comme un modèle méthodologique pour la réflexion non-linéaire ou non-plane » (Blum, 2013, p. 151). En tant que méthodes, les océans et les frontières ont des fonctions similaires : ils divisent et constituent l’espace, ils relient, ils permettent et canalisent le mouvement et ils créent et contestent des subjectivités (Fellner, 2021).

L’étude de S. Mezzadra et de B. Neilson adopte une position similaire vis-à-vis de la frontière, la comprenant non seulement comme un objet de recherche mais aussi comme une épistémè. Dans leur étude, ils affirment que la mondialisation contemporaine n’a pas conduit à la diminution des frontières mais plutôt à leur prolifération, ce qui est lié à l’intensification de la concurrence au sein des marchés du travail internationaux (Fellner, 2019). Selon eux, les frontières constituent une méthode sociale de division ainsi que de multiplication : non seulement elles divisent l’espace géographique et social, mais elles multiplient également les différences sociales. Pour eux, « la frontière constitue un instrument épistémologique, qui fonctionne dès qu’on établit une distinction entre sujet et objet » (Mezzadra et Neilson, 2019, p. 37). Néanmoins, ils ne sont pas intéressés par l’étude de cet ‘instrument’ en tant qu’objet en lui-même, mais plutôt par l’exploration des effets des processus de frontière. Cet accent mis sur les processus ainsi que sur leur ouverture générale aux tensions entre concepts et manifestations empiriques guide leur compréhension des moments constitutifs de la frontière (ibid., p. 38). Par conséquent, ils définissent la méthode comme le « rapport entre action et savoir dans une situation où différents régimes et pratiques de savoir entrent en conflit » (ibid., p. 39). À cet égard, la compréhension des auteurs quant à la méthode va bien au-delà de simples technologies, étant donné qu’elle décrit un rapport plus général au monde qui a des dimensions politiques marquées. La méthode est une combinaison de pratiques performatives et d’épistémologies car elle relève « autant de l’action sur le monde que de sa connaissance » (ibid.).

L’idée de ‘la frontière comme méthode’ implique alors une compréhension de la frontière en tant qu’« angle épistémique » (ibid., p. 9) qui permet de percevoir les conflits et les tensions qui entourent les actes d’inclusion et d’exclusion, tout en faisant attention à l’hétérogénéité des frontières sans les réduire à de simples lignes de séparation (ibid.). Par cette interprétation du concept de frontière, S. Mezzadra et B. Neilson souhaitent mettre l’accent sur le problème de différenciation entre l’intérieur et l’extérieur ou entre l’inclusion et l’exclusion (ibid., p. 40), notamment dans le contexte d’interaction économique mondiale. Ils dépeignent l’inclusion et l’exclusion non en termes de catégories qui s’opposent mais plutôt comme un continuum (ibid., p. 26). Ils soutiennent que les frontières géopolitiques, sociales, linguistiques, symboliques et culturelles se recoupent désormais d’une manière qui permet de nouvelles formes d’exploitation et de domination (ibid., p. 7). Comme ils l’expliquent :

Les frontières, loin de servir simplement à bloquer ou à entraver le passage des personnes, de l’argent ou des objets au niveau mondial, sont devenues des dispositifs essentiels à leur articulation. Les frontières jouent un rôle clé dans la production hétérogène du temps et de l’espace du capitalisme mondial et postcolonial. (Ibid., pp. 9-10)

En se fondant sur cette approche, les auteurs montrent comment la frontière fonctionne en tant que méthode qui structure et relie les frontières politiques, la mondialisation, les cycles de flux de capitaux, l’accumulation et la migration liée au travail d’une manière hétérogène, produisant différents processus d’inclusion et d’exclusion (ibid., p. 21).

Insistant sur la présence ontologique, la force et la violence des frontières ainsi que sur leurs effets épistémologiques, S. Mezzadra et B. Neilson mettent en avant le concept de la ‘multiplication du travail’ qui souligne l’hétérogénéité constitutive du travail vivant ainsi que l’articulation des régimes de travail et des différentes formes d’exploitation. Ils donnent une série d’exemples de la manière dont la frontière fonctionne en tant que méthode pour divers domaines de la création du monde, du pouvoir et du travail. Le livre traite successivement des changements de fonction et d'emplacement des frontières, de la tradition de la ‘fabrica mundi’ (fabrication des mondes), qui, selon les philosophes de la Renaissance Pico della Mirandola et Giordano Bruno, interprétait les frontières au regard de leurs impacts géographiques, du développement de la cartographie moderne et des études territoriales, de la répartition internationale du travail, des aspects temporels de la frontière, de la gouvernementalité et de la souveraineté, de la gestion des mouvements migratoires et des différentes formes de subjectivités politiques, telles que la figure du citoyen-travailleur (ibid., p. 335). Eu égard aux effets des processus de frontières contemporains, S. Mezzadra et B. Neilson se concentrent sur les luttes ouvrières et les relations sur le marché mondial. Ils avancent que la prolifération des frontières fabrique en permanence de nouvelles frontières du capital qui transcendent de nouveaux marchés et de nouveaux produits, multipliant ainsi les opportunités de travail et de possible exploitation (ibid., pp. 96s.). Illustrant les espaces et les temporalités du travail, ils se rapportent, par exemple, aux différences entre le personnel soignant migrant et les traders financiers et à leurs différentes opportunités et voies sur le marché du travail international en fonction des frontières qui s’ouvrent ou qui se ferment devant eux (ibid., pp. 137s.). S. Mezzadra et B. Neilson mettent l’accent sur la manière dont les frontières non seulement excluent, mais incluent divers types de personnes et de travailleurs d’une manière hiérarchique, différentielle et inégale. La puissance ou la violence de la frontière ne s’applique donc pas seulement à sa fonction exclusive, elle s’applique aussi si elle inclut sous la forme d’« inclusion différentielle » (ibid., p. 217). À travers ce processus d’inclusion, les individus sont disciplinés et contrôlés conformément à leurs différents types de travail, aux droits associés et aux possibilités de mobilité (ibid.).

Par ailleurs, la signification du temps est illustrée par le travail des « migrants virtuels » indiens qui travaillent dans des sociétés informatiques, réglementant leurs heures de travail conformément à d’autres fuseaux horaires (ibid., p. 183s.). « La tendance du travail à coloniser le temps vécu » (ibid., p. 43) est l’un des aspects de la multiplication du travail par l’intensification. Il convient d’ajouter la diversification, qui se rapporte, comme Marx l’avait déjà dit, aux manières dont le capital s’accroît en permanence et crée de nouvelles sortes de production, et l’hétérogénéité, qui concerne les régimes légaux et sociaux de l’organisation du travail. Décrivant comment les frontières du capital, le travail vivant et les frontières physiques sont profondément liés, le travail doit beaucoup à la tradition autonomiste ou opéraïste italienne.

S. Mezzadra et B. Neilson se concentrent également sur le « travail de traduction » (ibid., p. 359) afin de mettre en perspective de nouvelles compréhensions du commun (par opposition à des communs et le bien commun). Comme les auteurs le soulignent, la traduction est « de toute première importance pour l’organisation des luttes sur les frontières » (ibid., p. 375) et elle est essentielle pour une politique du commun qui doit « dépasser tous les discours invoquant un monde sans frontières » et « renoncer à essayer de faire de la frontière une institution capable de rétablir la justice » (ibid.).

En analysant la prolifération et l’‘hétérogénéisation’ des frontières, ce qui produit des subjectivités différentiées et des statuts légaux, S. Mezzadra et B. Neilson attirent l’attention sur les frontières en tant que relations matérielles plutôt que ‘faits’ objectifs. En analysant le travail matériel et idéologique interdépendant réalisé par les pratiques frontalières, le livre aide à déconstruire la compréhension des frontières en tant que lignes de séparation entre l’intérieur et l’extérieur, se concentrant, en revanche, sur les multiples connexions qui existent entre les personnes au-delà des frontières. En se concentrant sur les luttes frontalières à travers diverses échelles géographiques et en associant la théorie à un certain nombre d’études de cas issues de diverses régions du monde, les auteurs abordent la frontière non seulement comme un objet de recherche mais aussi comme un cadre épistémique, ce qui permet de nouvelles perspectives concernant les pratiques en matière d’établissement de frontières et le maintien des frontières en tant qu’outils essentiels pour la production de force de travail comme ressource de base.

Tandis que le livre La frontière comme méthode démontre comment la prolifération des frontières produit un terrain vital pour la prolifération du capitalisme contemporain, il a également inspiré des chercheur.e.s en les incitant à penser à des exemples où la frontière peut être un moyen d’émancipation, de libération et de lutte contre le capitalisme. Il s’avère que ce changement de perspective dans la compréhension de la frontière passant d’objet de recherche à angle de recherche mène à diverses autres conceptualisations des frontières.

L’une des premières chercheuses en matière de frontière à reprendre et développer le concept de Sandro Mezzadra et de Brett Neilson relatif à ‘la frontière comme méthode’ a été Chiara Brambilla (2015a ; 2015b ; Brambilla et al., 2015). C. Brambilla développe le concept de ‘borderscapes comme méthode’ comme une manière d’analyser la frontière en tant que site de conflit, de lutte et de devenir (Brambilla, 2015a, p. 29). Elle place le concept de ‘borderscape’ dans le champ des Border Studies critiques, étant donné qu’il offre de nouveaux points de vue épistémologiques, ontologiques et méthodologiques concernant les complexités et la politique des frontières en conceptualisant les espaces frontaliers au-delà de leurs caractéristiques territoriales et centrées sur l’État (ibid., pp. 16s.). Les ‘borderscape’ font référence aux pratiques, aux normes et à l’éthique des frontières, aux performances, à la lutte et à la dimension fluide et en constante évolution des zones frontalières qui façonnent les subjectivités politiques et les processus d’inclusion et d’exclusion (ibid., pp. 19s.). Les ‘borderscape’ sont liés à des « questions de politique » (Brambilla et al., 2015, p. 4) car ils font ressortir les espaces en conflit où les pratiques et les discours hégémoniques et anti-hégémoniques en matière de frontière s’accumulent (Brambilla, 2015a, p. 20).

Dans son article From Border as a Method of Capital to Borderscape as a Method for a Geographical Opposition to Capitalism (Brambilla, 2015b), elle applique explicitement l’idée du ou des ‘borderscape(s)’ comme méthode visant à penser et à critiquer le capitalisme contemporain. Premièrement, C. Brambilla affirme que le panorama développé de manière inégale qui crée les fondations du capitalisme est fondé sur des notions géographiques fondamentales telles que la ‘frontière’ et le ‘paysage’ (‘landscape’) et sur la manière dont elles structurent le monde. Elle soumet l’idée que la géographie devrait également offrir des concepts alternatifs au capitalisme tels que la résistance, ce qu’elle propose via le concept de ‘borderscape’ (ibid., n.p.).

Comme S. Mezzadra et B. Neilson, C. Brambilla propose de ne pas réduire la frontière à la ligne géographique qui existe entre les États, mais de la repenser et de tenir compte de ses significations multidimensionnelles afin d’acquérir une compréhension plus complexe de la relation entre capital et État. Pour elle, le paysage est un espace frontière qui est caractérisé par le mouvement et le changement, ce qui reflète les conflits sociaux et a, par conséquent, le potentiel d’éclairer la relation entre le territoire, les frontières et le capital. S’appuyant sur l’idée de « -scapes » d’A. Appadurai (1996), que ce dernier comprend en tant que dimensions des flux culturels internationaux, C. Brambilla esquisse son propre concept de ‘borderscapes’ en tant que forme fluide et inégale des paysages de la mondialisation. Le ‘borderscape’ processuel et dé-territorial est toujours « en gestation » alors qu’il structure les lieux et les périodes hégémoniques du capitalisme mondial (Brambilla, 2015b, n.p.).

Dans le même temps, toutefois, les ‘borderscapes’ sont des ‘biens communs’, étroitement liés à la vision du commun de Sandro Mezzadra et Brett Neilson, et peuvent ainsi être des lieux de résistance anticapitaliste (ibid.). Le concept de ‘borderscape’ comme méthode nous encourage donc à repenser la relation entre l’espace et le politique car il structure le conflit permanent et les processus de négociation entre la frontière comme méthode de capital et comme bien commun pour l’« opposition géographique au capitalisme » (ibid.). Utiliser le concept de ‘borderscapes’ comme méthode signifie alors « le glissement d’un savoir fixe à un savoir capable d'éclairer un espace de négociation d’acteurs, d’expériences et de représentations articulées à l’intersection de tensions concurrentes voire contraires (…). [Cela] ouvre un nouvel espace de possibilités politiques, un espace dans lequel de nouveaux types de subjectivités politiques deviennent possibles » (Brambilla, 2015a, p. 29).

Depuis la publication du livre de S. Mezzadra et B. Neilson et des articles de C. Brambilla, le concept de ‘frontière comme méthode’ est devenu populaire dans les Border Studies, tout particulièrement dans la pensée décoloniale où il trouve un terrain propice, ce qui avait déjà été soigneusement préparé par Walter Mignolo. Dans son ouvrage Local Histories/Global Designs : Coloniality, Subaltern Knowledge and Border Thinking (2012 [2000]), Walter Mignolo avait déjà développé l’idée de ‘pensée frontalière’ en 2000, montrant comment la frontière peut être utilisée en tant que méthode (épistémologique) pour la décolonisation. Dans son livre, W. Mignolo recherche un moyen de surmonter la modernité et de reconnaître simultanément la différence coloniale à partir de perspectives subalternes. L’outil permettant d’atteindre cet objectif est la pensée frontalière (Mignolo, 2012 [2000], p. 6), que Mignolo définit comme « les moments dans lesquels l’imaginaire du système mondial moderne se fissure » (ibid., p. 23). En ce sens, la pratique de la pensée frontalière est un moyen de rendre d’autres mondes (et non d’autres modernités) possibles (Mignolo et Tlostanova, 2006, p. 219). Il place sa théorie tout à fait volontairement au sein des territoires des luttes coloniales et postcoloniales. La pensée frontalière concerne les connaissances et la compréhension, l’épistémologie et l’herméneutique, et elle remet en question de manière intrinsèque les manières hégémoniques de connaître et de construire le monde (Mignolo, 2012 [2000], p. 5). L’objectif de la pensée frontalière est d'interroger et de contester les épistémologies hégémoniques et impériales du racisme, du sexisme, du patriarcat, de l’hétéronormativité et des hiérarchies ethniques (Mertlitsch, 2016, p. 137). Pour Walter Mignolo, le principe de la pensée frontalière est de « penser à partir de concepts dichotomiques plutôt que d'ordonner le monde en dichotomies. La pensée frontalière […] est, logiquement, un lieu d’énonciation dichotomique » (Mignolo, 2012 [2000], p. 85). En ce sens, la pensée frontalière n’est pas seulement une double conscience, elle est aussi une « double critique » car elle se situe à la frontière du système mondial moderne/colonial et elle est en mesure de réfléchir des deux côtés (ibid., p. 84). Par conséquent, la pensée frontalière peut servir de « critique » et de méthode décoloniale (ibid.). En tant que méthode, la pensée frontalière essaie de transcender la modernité et les notions associées d’infériorité et d’altérité, d’oppression et d’injustice. Cela implique la prise de conscience du fait que la « transmodernité » est uniquement possible en pensant et en parlant du point de vue de l’autre supposé, à partir de l’extériorité des zones frontalières (Mignolo et Tlostanova, 2009, p. 19).

La ‘frontière comme méthode’ est également une ligne de réflexion importante qui guide les concepts de ‘bordertextures’ et de ‘bordertexturing’, qui sont actuellement développés par le groupe de travail Bordertextures du Centre européen d’études sur les frontières (Weier et al., 2018 ; Wille et al., à venir). Dans cet imaginaire conceptuel, la frontière géopolitique elle-même cesse d’être une suture reliant deux tissus nationaux différents et distincts pour devenir une texture, un trope et topos complexe et multidimensionnel tissé de nombreux fils, tels que la politique, l'économie, les pratiques culturelles, les discours de race, de sexualité, etc., qui se mélangent et se croisent pour créer un continuum transnational des deux côtés de la frontière (Weier et al., 2018, p. 2). Insistant sur le fait que la formation des territoires et des corps est intrinsèquement entremêlée, faisant ainsi de « la » frontière une texture dont l’analyse requiert nécessairement une théorisation des structures, institutions et flux socioéconomiques, l’acte de ‘bordertexturing’, tel que le nomme Astrid M. Fellner, peut devenir un outil important dans l’analyse littéraire et culturelle où « il signifie écouter les diverses histoires de la frontière, réaliser une cartographie approfondie des zones frontalières qui reprend des voix frontalières hétéro-glossiques orchestrées différemment » (Fellner, à venir a). Le ‘bordertexturing’ repose sur l’idée de la frontière comme méthode, « considérant la frontière comme une contre-formation épistémologique qui reconnaît qu’une épistémologie des frontières implique nécessairement de penser à l’encontre et au-delà des paradigmes occidentaux » (Fellner, à venir b). Pour A. M. Fellner, le ‘bordertexturing’ devient alors une pratique essentielle en matière de zone frontalière qui peut servir de forme d’ignorance épistémologique.

À bien des égards, la pensée de la frontière comme méthode est inspirante pour ce qui est de l'image des diverses relations frontalières quotidiennes qui influencent nos sociétés actuellement. Tandis que S. Mezzadra et B. Neilson démontrent le rôle de la frontière dans la mondialisation du travail, le capitalisme contemporain et les luttes liées, ils nous invitent également à réfléchir à d'autres scènes sociopolitiques où les frontières servent de méthode d’inclusion différentielle. Comme les exemples des ‘borderscapes’, de la pensée frontalière et des ‘bordertextures’ peuvent le laisser entendre, le dilemme de la frontière peut diriger notre attention sur les points de convergence des luttes de pouvoir, des espaces disputés et des systèmes de connaissance ainsi que sur les sites d'émancipation. Il peut même y avoir de nombreux autres cas concernant la question de savoir quand et comment la frontière peut être utilisée en tant que méthode. Dans toutes ces théorisations, la frontière est un outil très puissant. Elle peut à la fois multiplier et intensifier les rapports de force, les hiérarchies et l’exploitation, tel que le soutiennent S. Mezzadra et B. Neilson, ou elle peut diversifier les perspectives, favoriser la communication et engendrer l’émancipation, la pensée décoloniale et contester l’oppression, tel que le montre les concepts de ‘borderscapes’ et de pensée frontalière. De plus, lorsqu’on s’intéresse au contexte de ‘bordertextures’ et à l’acte de ‘bordertexturing’, l’idée de la frontière comme méthode aide à (dé)mêler les zones hybrides d’existences entrelacées et continues.

Lorsqu’on s’intéresse à l’idée de la frontière comme méthode, nous devrions également envisager ses limites, tel que l’avance C. Rumford (2014), par exemple. Il critique le fait que l’exposé de S. Mezzadra et B. Neilson concernant la frontière comme méthode continue à se concentrer de manière excessive sur les frontières hégémoniques visibles, telles que les frontières étatiques, qui sont reconnues par toutes les
parties (ibid., p. 43 ; p. 50). Il propose, à l’inverse, une approche multi-perspective des frontières qui se détache du besoin de consensus frontalier, de centralisation et de visibilité (ibid., pp. 45s.). Par ce changement de perspective, C. Rumford met en lumière différents types de frontière qui émergent et changent via le travail quotidien sur les frontières à différents endroits et qui ne sont ni reconnus par tout le monde ni visible ou pertinentes pour tous (ibid., pp. 50s.). Avec ce changement, il cherche à décentrer la frontière (étatique) en tant qu’espace privilégié pour la compréhension des processus mondialisés, tout en adoptant dans le même temps un point de vue qui choisit de « voir comme une frontière » et « bien au-delà de la frontière » plutôt que de juste regarder de l’autre côté de cette frontière (ibid., p. 52).

Tenant compte de cette approche multi-perspective, nous pouvons demander, d’un oeil critique, comment, quand et où la frontière devient une méthode. Conscients du fait que les ‘borderscapes’ ou les ‘bordertextures’ sont des configurations en forme de membranes en constante évolution et hétérogènes, nous avons toujours besoin de comprendre pour qui la frontière peut faire office de méthode dans un certain cadre spatial et temporel et qui se retrouve inclus ou exclu dans ces circonstances. Ainsi, la notion de frontière comme méthode devient encore plus puissante quand nous l’orientons dans l’axe des espaces frontaliers invisibles en écoutant les voix silencieuses, en voyant au-delà des sites frontaliers hégémoniques et en reconnaissant les petites luttes frontalières cachées du quotidien. L’utilisation de la frontière comme méthode pour voir les espaces frontières qui se créent entre des rencontres frontalières puissantes révèle le potentiel analytique de cet angle épistémique. Pour nous, la frontière comme méthode va bien au-delà de la notion d’État et de territoire car elle est entrelacée avec diverses frontières symboliques et ontologiques puissantes, par exemple entre des catégories identitaires telles que la race, le genre, la classe et l’origine ethnique ou entre différentes connaissances, mobilités, politiques, émotions, imaginations et temporalités. Ce sont justement ces aspects de l’épistémè de la frontière qui nous permettent d'utiliser la notion de frontière comme méthode comme un outil pour développer d'un oeil critique des interprétations plus complexes et sensibles des relations conflictuelles entre frontières et limites.

 

Références

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thematic focus
Theorien – Konzepte – Begriffe

Border as Method

Border as method is currently one of the most important and widely cited concepts in Cultural Border Studies. It serves as a new research angle that transcends the meaning of borders as objects of study. Instead, the border with its associated characteristics becomes an epistemic tool that helps to understand and question complex phenomena of inclusion, exclusion, movement, power, inequalities, and dominant border discourses.

The concept of border as method gained prominence with the book Border as Method, or, the Multiplication of Labor (2013) by Sandro Mezzadra and Brett Neilson. Their idea echoed the concept of ocean as method, introduced by Isabel Hofmeyr in 2012. In her article, Hofmeyr had shown how the sea could be both a site and subject of investigation as well as theorization. The Indian Ocean, she argued, offered vast possibilities for transnational research and intellectual work beyond the confining borders of nation states and limits offered by area studies. Since then, the field of Oceanic Studies has taken the ocean “both as a topical focus and as a methodological model for nonlinear or nonplanar thought” (Blum, 2013, p.151). As methods, oceans and borders have similar functions: they divide and constitute space, they connect, they enable and channel movement, and they create and challenge subjectivities (Fellner, 2021, n.p.).

Mezzadra and Neilson’s study adopts a similar stance towards the border, understanding it not only as a research object but also an episteme. In their study, they claim that contemporary globalization has not led to the diminution of borders but to their proliferation, which is linked to the intensification of competition within global labor markets (Fellner, 2019, n.p.). According to them, borders are a social method of division as well as of multiplication: not only do they divide geographical and social space but they also multiply social differences. For them "the border is an epistemological device which is at work whenever a distinction between subject and object is established" (Mezzadra and Neilson, 2013, p.16). However, they are not interested in studying this ‘device’ as an object itself, but in exploring the effects of bordering processes. This focus on processes as well as their general openness to tensions between concepts and empirical manifestations informs their understanding of the constitutive moments of the border (ibid., p.17). Consequently, they define method as “the relation of action to knowledge in a situation where many different knowledge regimes and practices come into conflict” (ibid.). In this regard, the authors’ understanding of method reaches far beyond simple methodologies as it describes a more general relation to the world that has profound political dimensions. Method is a combination of performative practices and epistemologies since it is “as much about acting on the world as it is about knowing it” (ibid.).

The idea of border as method then entails an understanding of the border as an “epistemic angle” (ibid., p.viii) that allows to perceive the conflicts and tensions that surround acts of inclusion and exclusion while at the same time paying attention to the heterogeneity of borders without reducing them to simple dividing lines (ibid.). Through this understanding of the concept of border, Mezzadra and Neilson want to stress the problem of differentiation between interior and exterior or inclusion and exclusion (ibid., p.18), especially in the context of global economic interaction. They portray inclusion and exclusion not in terms of opposing categories but rather as continuum (ibid., p.7). They argue that geopolitical, social, linguistic, symbolic, and cultural borders now overlap in a way that enables new forms of exploitation and dominance (ibid., p.vii). As they explain:

Borders, far from serving merely to block or obstruct global passages of people, money or objects, have become central devices for their articulation. Borders play a key role in the production of the heterogeneous time and space of contemporary global and postcolonial capitalism. (ibid., p.ix)

Following this approach, they show how the border functions as a method that articulates and connects political boundaries, globalization, cycles of capital flow, accumulation, and labor migration in a heterogeneous way, producing different processes of inclusion and exclusion (ibid., pp.3f.).

Stressing the ontological presence, the force and violence of borders as well as their epistemological effects, Mezzadra and Neilson foreground the concept of the multiplication of labor, which emphasizes the constitutive heterogeneity of living labor as well as the articulation of labor regimes and different forms of exploitation. They give a series of examples of how the border functions as a method for various fields of world-, power- and labor making. The book deals successively with the changing functions and locations of borders, the tradition of ‘fabrica mundi’ (fabrication of worlds), which, following the Renaissance philosophers Pico della Mirandola and Giordano Bruno, interpreted borders in terms of their geographical impacts, the development of modern cartography and area studies, the international division of labor, temporal aspects of bordering, governmentality and sovereignty, the management of migratory movements, and various forms of political subjectivities, such as the figure of the citizen-worker (ibid., p.251). With regard to the effects of contemporary bordering processes, Mezzadra and Neilson focus on labor struggles and world market relations. They argue that the proliferation of borders continuously fabricates new frontiers of capital that transcend into new markets and commodities thereby multiplying opportunities of labor and potential exploitation (ibid., pp.61ff.). Exemplifying the spaces and temporalities of labor, they refer e.g. to the differences between migrant care workers and financial traders and their different opportunities and pathways on the global labor market depending on the borders that open up or that close for them (ibid., pp.103ff.). Mezzadra and Neilson point out how borders not only exclude, but include various types of people and workers in a hierarchical, differential and uneven manner. The power or violence of the border therefore does not only apply to its exclusive function but also when it includes in the form of “differential inclusion” (ibid., p.159). Through this process of inclusion, people are disciplined and controlled according to their different types of labor and connected rights and possibilities for mobility (ibid.).

Furthermore, the meaning of time is exemplified by the work of Indian “virtual migrants” who work in IT businesses, regulating their working hours according to other time zones (ibid., pp.131ff.). “The tendency for work to colonize the time of life” (ibid., p.21) is one aspect of the multiplication of labor through intensification. Moreover, diversification, which, as Marx already had it, refers to the ways in which capital is constantly expanding and creating new kinds of production, and heterogeneity, which concerns the legal and social regimes of the organization of labor. Depicting how the frontiers of capital, living labor and borders are deeply connected, the work owes much to the Italian autonomist or operaist tradition.

Mezzadra and Neilson also focus on the “labor of translation” (ibid., p.270) to map new understandings of the common (versus a singular commons). Translation, as the authors insist on, is “paramount in the organization of border struggles” (ibid., p.281) and is essential for a politics of the common, which must both “extend beyond any rhetorical invocation of a world without borders” and “renounce any attempt to turn the border into a justice-giving institution” (ibid.).

In analyzing the proliferation and the heterogenization of borders, which produces differentiated subjectivities and legal statuses, Mezzadra and Neilson draw the attention to borders as material relationships rather than objective facts. Analyzing the interrelated material and ideological work done by bordering practices, the book helps deconstruct the understanding of borders as dividing lines between interior and exterior, instead focusing on the multiple connections that exist between people across borders. Focusing on border struggles across various geographical scales, and combining theory with a number of case studies drawn from various parts of the world, the authors approach the border not only as a research object but also as an epistemic framework, which enables new perspectives on the practices of border-making and the maintenance of borders as essential tools for the production of labor power as a commodity.

While the book Border as Method shows how the proliferation of borders produces a vital ground for the proliferation of contemporary capitalism, it has also inspired scholars to think of examples where the border can be a method for empowerment, liberation and anti-capitalist struggles. As it turns out, this shift in perspective in the understanding of the border from research object to research angle informs various other conceptualizations of borders.

One of the first border scholars to pick up on and develop Mezzadra and Neilson’s concept of border as method was Chiara Brambilla (2015a; 2015b; Brambilla et al., 2015). Brambilla develops the concept of borderscapes as method as a way to analyze the border as site of conflict, struggle and becoming (Brambilla, 2015a, p.29). She places the concept of borderscapes within the field of critical Border Studies as it offers new epistemological, ontological, and methodological takes on border complexities and politics by conceptualizing border spaces beyond territorial and state-centered characteristics (ibid., pp.16ff.). Borderscapes relate to practices, norms and ethics of bordering, performances, struggle and the ever changing and fluid dimension of border spaces that shape political subjectivities and processes of inclusion and exclusion (ibid., pp.19ff.). Boderscapes are connected with “questions of politics” (Brambilla et al., 2015, p.4) since they point to conflicted spaces where hegemonic and counter-hegemonic border practices and discourses cumulate (Brambilla, 2015a, p.20).

In her article "From Border as a Method of Capital to Borderscape as a Method for a Geographical Opposition to Capitalism" (Brambilla, 2015b), she explicitly applies the idea of borderscape(s) as method to reflect on and criticize contemporary capitalism. First, Brambilla states that the unequally developed landscape that builds the ground for capitalism is based on geographical core concepts such as border and landscape and the way they structure the world. She proposes that geography should also come up with alternative concepts to capitalism such as resistance, which she offers through the concept of borderscapes (ibid., n.p.). Similar to Mezzadra and Neilson, Brambilla proposes not to reduce the border to the geopolitical line between states, but to rethink it and consider its multidimensional meanings in order to gain a more complex understanding of the relationship between capital and state. To her, landscape is a liminal space that is characterized by movement and change, which expresses social conflicts and therefore has the potential to illuminate the relationship of territory, borders and capital. Drawing on Appadurai’s (1996) idea of -scapes, which he understands as dimensions of global cultural flows, Brambilla sketches her own concept of borderscapes as a fluid and unequal form of globalization landscapes. The processual and de-territorial borderscape is always “in the making” while it articulates hegemonic spaces and times of global capitalism (Brambilla, 2015b, n.p.). At the same time, however, borderscapes are “common goods” – very much related to Mezzadra and Neilson’s view of the common – and can thus be places of anti-capitalist resistance (ibid.). Borderscapes as method therefore encourages us to rethink the relation between space and the political as it articulates the constant conflict and negotiation processes between the border as a method of capital and as a common good for the “geographical opposition to capitalism” (ibid.). Using borderscapes as method then signifies “a shift from a fixed knowledge to a knowledge capable of throwing light on a space of negotiating actors, experiences, and representations articulated at the intersection of competing and even conflicting tensions" (Brambilla, 2015a, p.29). It "opens a new space of political possibilities, a space within which new kinds of political subjectivities become possible” (ibid.).

Since the publication of Mezzadra and Neilson’s book and Brambilla’s articles, the concept of border as method has caught on in Border Studies, especially in decolonial thinking, where it fell on fertile grounds, which had already been carefully prepared by Walter Mignolo. In his book Local Histories/Global Designs: Coloniality, Subaltern Knowledge and Border Thinking (2012 [2000]) Mignolo had already developed the idea of border thinking in 2000, showing how the border can be used as (epistemological) method for decolonization. In his book, Mignolo is searching for a way to overcome modernity and simultaneously to recognize the colonial difference from subaltern perspectives. The tool to achieve this goal is border thinking (Mignolo, 2012 [2000], p.6), which Mignolo defines as “the moments in which the imaginary of the modern world system cracks” (ibid., p.23). In this sense, the practice of border thinking is a means to make other worlds (and not other modernities) possible (Mignolo and Tlostanova, 2006, p.219). He positions his theory very consciously within the territories of colonial and postcolonial struggles. Border thinking is about knowledge and understanding, epistemology and hermeneutics, and it inherently challenges the hegemonic ways of knowing and constructing the world (Mignolo, 2012 [2000], p.5). The goal of border thinking is to question and contest hegemonic and imperial epistemologies of racism, sexism, patriarchy, heteronormativity and ethnic hierarchies (Mertlitsch, 2016, p.137). For Mignolo, the principle of border thinking is “thinking from dichotomous concepts rather than ordering the world in dichotomies. Border thinking […] is, logically, a dichotomous locus of enunciation” (Mignolo, 2012 [2000], p.85). In this sense, border thinking is not only a double consciousness, but also a “double critique,” since it is situated at the border of the modern/colonial world system and is able to reflect on both sides (ibid., p.84). Therefore, border thinking can function as a “critique” and decolonial method (ibid.). As a method, border thinking tries to transcend modernity and connected notions of inferiority and otherness, oppression and injustice. This entails the realization that “trans-modernity” is only possible by thinking and speaking from the point of the supposed other, from the exteriority of the borderlands (Tlostanova and Mignolo, 2009, p.19).

Border as method is also an important line of thought, which informs the concepts of bordertextures and bordertexturing, which are being developed by the Working Group Bordertextures at the UniGR-Center for Border Studies (WG Bordertextures, 2018; Wille et al., forthcoming). In this conceptual imaginary, the geo-political border itself stops being a suture sowing together two different and distinct national fabrics, and becomes a texture: a complex and multi-dimensional trope and topos woven of numerous threads, such as politics, economy, cultural practices, racial, sexual and other discourses, which combine and intersect to create a trans-national continuum on both sides of the border (WG Bordertextures, 2018, p.2). Insisting that the formation of territories and bodies are inherently interwoven, thus making the border a texture whose analysis necessarily requires a theorization of socioeconomic structures, institutions and flows, the act of bordertexturing, as Fellner has it, can become an important tool in literary and cultural analysis where “it means listening to the varied stories of the border, conducting a deep mapping of the borderlands which picks up on differently orchestrated heteroglossic border voices” (Fellner, forthcoming a). Bordertexturing relies on the idea of border as method, “viewing the border as an epistemological counter-formation, which acknowledges that a border epistemology necessarily entails thinking against and beyond western paradigms” (Fellner, forthcoming b). For Fellner, bordertexturing then becomes a critical borderlands practice, which can serve as a form of epistemological unknowing.

In many ways, the thought of border as method is inspirational when it comes to the reflection of the various everyday border relations that currently influence our societies. While Mezzadra and Neilson demonstrate the border’s role in the globalization of labor, contemporary capitalism and connected struggles, they also challenge us to think about other socio-political arenas where borders function as a method of differential inclusion. As the examples of borderscapes, border thinking, and bordertextures may suggest, the double-bind of the border can direct our attention to the focal points of power struggles, contested spaces and knowledge systems as well as to emancipatory sites. There may even be many other cases of when and how the border can be used as a method. In all these theorizations, the border is a very powerful tool. It can both multiply and intensify power relations, hierarchies and exploitation, as Mezzadra and Neilson argue, or it can diversify perspectives, foster mutual communication and engender empowerment, decolonial thought and contest oppression as the concepts of borderscapes and border thinking show. Furthermore, when engaging with the concept of bordertextures and the act of bordertexturing, the idea of border as method helps to (dis)entangle hybrid zones of inter-woven and continuous existences.

When engaging with the idea of border as method, we should also consider its limits as brought forth e.g. by Rumford (2014). He criticizes that Mezzadra’s and Neilson’s account of border as method still concentrates too much on visible, hegemonic borders like state borders, which are recognized by all parties (ibid., p.43; p.50). Instead, he proposes a multi-perspectival approach to borders that detaches itself from the need for border consensus, state-centeredness and visibility (ibid., pp.45ff.). Through this perspectival shift, Rumford sheds light on different kinds of borders that emerge and change through everyday borderwork in different places and that are neither recognized by everybody nor visible or relevant to all (ibid., pp.50f.). With this move, he seeks to decenter the (state)border as privileged space for understanding globalized processes, while at the same time adopting a standpoint that chooses to “see like a border” and “far beyond the border” rather than just looking across the border (ibid., p.52).

Taking this multi-perspectival approach into account, we may critically ask how, when and where the border becomes a method. Being aware that borderscapes or -textures are ever changing, uneven membrane-like configurations, we always need to figure out for whom the border can function as method in a certain spatial and temporal setting and who is in- or excluded under these circumstances. Thus, the notion of borders as method becomes even more powerful when we direct it at the invisible border spaces by listening to the quiet voices, seeing beyond hegemonic border sites and acknowledging the small and hidden border struggles of the everyday. Using the border as a method to see the liminal spaces that unfold between power laden border encounters, reveals the analytic potential of this epistemic angle. To us, border as method goes far beyond the notion of state and territory as it is intertwined with various powerful symbolic and ontological boundaries, e.g. between identity categories like race, gender, class and ethnicity or between different knowledges, mobilities, politics, emotions, imaginations and temporalities. It is exactly these aspects of the border episteme that allow us to use the notion of border as method as a tool to critically develop more complex and sensitive understandings of conflicted border and boundary relations.

 

References

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Wille, C., Fellner, A. M. and Nossem, E. (Eds.), (forthcoming) Bordertextures: A Complexity Approach to Cultural Border Studies, transcript, Bielefeld.

Schwerpunkt
Theorien – Konzepte – Begriffe

Grenze als Methode

Das Konzept ‚border as method‘ gehört zu den derzeit wichtigsten und am häufigsten zitierten Konzepten in den kulturwissenschaftlichen Border Studies. Es dient als neue Forschungsperspektive, welche die Grenze über ihre Bedeutung als Forschungsobjekt hinaus betrachtet. Die Grenze mit den ihr eigenen Merkmalen wird zu einem epistemologischen Werkzeug, das dabei hilft, komplexe Phänomene der Inklusion, Exklusion, Bewegung, Macht, Ungleichheit sowie dominante Grenzdiskurse zu verstehen und zu hinterfragen. Das ‚border as method‘-Konzept erlangte durch das Buch Border as method, or, the Multiplication of Labor (2013) von Sandro Mezzadra und Brett Neilson Bekanntheit. Ihre Idee spiegelte das Konzept ‚ocean as method‘ von Isabel Hofmeyr aus dem Jahr 2012 wider. In ihrem Artikel hat Hofmeyr aufgezeigt, wie der Ozean als Untersuchungsort und -gegenstand und theoretisches Konzept genutzt werden kann. Sie argumentierte, dass der Indische Ozean breite Möglichkeiten für transnationale Forschung und intellektuelle Arbeit jenseits der einengenden Grenzen der Nationalstaaten und Eingrenzungen der Gebietsstudien biete. Seither betrachtet die Ozeanforschung den Ozean „both as a topical focus and as a methodological model for nonlinear or nonplanar thought“ (Blum, 2013, S. 151). Als Methode haben Ozeane und Grenzen ähnliche Funktionen: Sie teilen und schaffen Raum, sie verbinden, ermöglichen und kanalisieren Bewegung und sie schaffen und hinterfragen Subjektivitäten (Fellner, 2021).

Die Studie von Mezzadra und Neilson nimmt einen ähnlichen Standpunkt hinsichtlich der Grenze ein: Die Grenze wird nicht nur als Untersuchungsgegenstand sondern auch als Epistem verstanden. In ihrer Studie stellen die beiden Forscher die These auf, dass die zeitgenössische Globalisierung nicht zu einer Verringerung der Anzahl von Grenzen sondern zu ihrer Proliferation geführt hat, was mit der Verstärkung des Wettbewerbs in globalen Arbeitsmärkten verbunden ist (Fellner, 2019). Ihrer Ansicht nach handelt es sich bei Grenzen um soziale Methoden der Teilung und Vervielfältigung: Grenzen teilen nicht nur geographische und soziale Räume, sondern sie vervielfältigen ebenfalls soziale Unterschiede. Für Mezzadra und Neilson ist „the border is an epistemological device which is at work whenever a distinction between subject and object is established“ (Mezzadra und Neilson, 2013, S. 16). Dennoch sind sie nicht an der Untersuchung dieses ‚Werkzeugs‘ als Forschungsobjekt interessiert, sondern vielmehr an der Untersuchung der Auswirkungen von Bordering-Prozessen. Dieser Fokus auf Prozesse sowie die generelle Offenheit der Autoren für Spannungen zwischen Konzepten und empirischen Realitäten nährt ihr Verständnis über den konstitutiven Moment der Grenze (ibid., S. 17). Folglich definieren sie die Methode als „das Verhältnis zwischen Handeln und Wissen in einer Situation, in der viele verschiedene Wissensregime und Praktiken miteinander in Konflikt treten“ (ibid.). Aus dieser Sicht reicht das Verständnis der Autoren von ‚Methode‘ weit über einfache Methodologien hinaus, da es ein umfassenderes Verhältnis zur Welt beschreibt, welches tiefe politische Dimensionen annimmt. Die Methode ist eine Kombination von performativen Praktiken und Epistemologie, bedeutet sie doch „as much about acting on the world as it is about knowing it“ (ibid.).

Die Vorstellung der ‚border as method‘ enthält folglich ein Verständnis der Grenze als „epistemologische Perspektive“ (ibid., S. viii), die eine Wahrnehmung der Konflikte und Spannungen erlaubt, die Handlungen der Inklusion und Exklusion umgeben. Zugleich richtet es seinen Blick auf die Heterogenität von Grenzen, ohne letztere als einfache Trennlinien zu betrachten (ibid.). Durch dieses Verständnis des Konzepts von Grenzen wollen Mezzadra und Neilson das Problem der Differenzierung zwischen innen und außen, zwischen Inklusion und Exklusion hervorheben (ibid., S. 18), insbesondere im Kontext der globalen wirtschaftlichen Interaktion. Sie stellen Inklusion und Exklusion nicht als ein Gegensatzpaar sondern vielmehr als ein Kontinuum dar (ibid., S. 7) und argumentieren, dass geopolitische, soziale, sprachliche und kulturelle Grenzen sich heute in einer Art und Weise überlagern, die neue Formen der Ausbeutung und Dominanz möglich macht. Sie erklären:

Borders, far from serving merely to block or obstruct global passages of people, money or objects, have become central devices for their articulation. Borders play a key role in the production of the heterogeneous time and space of contemporary global and postcolonial capitalism. (ibid.)

Dieser Herangehensweise folgend zeigen Mezzadra und Neilson wie Grenzen als Methode funktionieren, die politische Grenzen, Globalisierung, Kapitalzyklen, Akkumulation und Arbeitsmigration in einer heterogenen Art und Weise artikuliert und verbindet und dadurch verschiedene Inklusions- und Exklusionsprozesse hervorbringt (ibid., S. 3f.).

Indem sie die ontologische Präsenz, Kraft und Gewalt von Grenzen sowie ihre epistemologischen Effekte betonen, heben Mezzadra und Neilson das Konzept der ‚Vervielfältigung der Arbeit‘ hervor, welches die konstitutive Heterogenität von lebendiger Arbeit sowie die Artikulation von Grenzregimen und verschiedenen Formen der Ausbeutung unterstreicht. Sie führen mehrere Beispiele für die Funktion der Grenze als Methode für verschiedene Bereiche des world-, power- und labor makings an. Das Buch setzt sich sukzessive mit den sich verändernden Funktionen und Verortungen von Grenzen in der Tradition der ‚fabrica mundi‘ auseinander, welche, den Renaissance-Philosophen Pico della Mirandola und Giordano Bruno folgend, Grenzen hinsichtlich ihrer geographischen Auswirkungen, der Entwicklung der modernen Kartographie und der Regionalstudien, der internationalen Arbeitsteilung, der temporalen Aspekte des Bordering, Gouvernementalität und Souveränität, der Steuerung von Migrationsbewegungen und verschiedenen Formen politischer Subjektivität wie etwa der Figur des „Bürger-Arbeiters“ interpretiert (ibid., S. 251). Mit Blick auf die Wirkungen heutiger Bordering-Prozesse konzentrieren sich Mezzadra und Neilson auf ‚Arbeitskämpfe‘ und Weltmarktbeziehungen. Sie argumentieren, dass die Proliferation von Grenzen kontinuierlich neue Kapitalgrenzen hervorbringt, die in neue Märkte und Konsumgüter übergehen und dadurch Gelegenheiten für Arbeit und potentielle Ausbeutung vervielfachen (ibid., S. 61ff.). Sie arbeiten die Räume und Temporalitäten von Arbeit heraus und beziehen sich u.a. auf Unterschiede zwischen migrierten Pflegekräften und Finanzhändler*innen und deren unterschiedliche Chancen und Wege auf dem globalen Arbeitsmarkt in Abhängigkeit der sich für sie öffnenden oder schließenden Grenzen (ibid., S. 103). Mezzadra und Neilson zeigen, wie Grenzen verschiedene Arten von Menschen und Arbeiter*innen nicht nur ausschließen, sondern auch in einer hierarchischen, differenzierten und ungleichen Art und Weise einschließen können. Die Macht oder Gewalt der Grenze kommt aus diesem Grund nicht nur bei ihrer exklusiven Funktion, sondern ebenfalls im Falle von Inklusion in Form „differenzierter Inklusion“ zum Tragen (ibid., S. 159). Durch diesen Inklusionsprozess werden Menschen abhängig von den verschiedenen Arbeitstypen und den damit verbundenen Rechten und Möglichkeiten der Mobilität diszipliniert und kontrolliert (ibid.).

Darüber hinaus wird die Bedeutung von Zeit anhand der Arbeit der indischen „virtuellen Migrant*innen“ dargestellt, die in IT-Firmen arbeiten und ihre Arbeitszeit an jeweils andere Zeitzonen anpassen (ibid., S. 131ff.). „The tendency for work to colonize the time of life“ (ibid., S. 21) ist einer der Aspekte der Arbeitsmultiplikation durch Verstärkung. Zusätzlich bezeichnet Diversifikation, wie Marx es bereits ausdrückte, die Arten, in denen Kapital permanent expandiert und neue Produktionsarten und Heterogenität schafft, was die rechtlichen und sozialen Regime der Arbeitsorganisation beeinflusst. In ihrer Darstellung der tiefen Verwobenheit von Grenzen des Kapitals, lebendiger Arbeit und (Staats-) Grenzen schreibt sich das Werk ein in die Tradition der italienischen Autonomisten und Operaisten.

Mezzadra und Neilson richten zudem einen Blick auf „Übersetzungsarbeit“ (ibid., S. 270), um ein neues Verständnis von Common/Gemeingut (im Gegensatz zu einem singulären Commons) zu zeichnen. Übersetzung, so betonen es die Autor*innen, sei „paramount in the organization of border struggles“ (ibid., S. 281) und unerlässlich für eine Politik des Common, die sowohl über „any rhetorical invocation of a world without borders“ hinausgeht und „any attempt to turn the border into a justice-giving institution“ ablehnen müsse (ibid., S. 281).

In ihrer Analyse der Proliferation und ‚Heterogenisierung‘ von Grenzen, die differenzierte Subjektivitäten und legale Status hervorbringen, lenken Mezzadra und Neilson die Aufmerksamkeit auf Grenzen als materielle Beziehungen statt auf Grenzen als objektive ‚Fakten‘. Durch die Analyse von miteinander verwobener materieller und ideologischer Arbeit von Grenzpraktiken trägt das Buch dazu bei, das Verständnis von Grenzen als Trennlinien zwischen innen und außen zu dekonstruieren und stattdessen das Hauptaugenmerk auf die multiplen Verbindungen zwischen Menschen über Grenzen hinweg zu richten. Die Fokussierung auf Grenzkämpfe auf verschiedenen geographischen Maßstabsebenen und die Kombination von Theorie mit einer Reihe von Fallstudien aus verschiedenen Regionen der Welt erlaubt den Autoren eine Annäherung an die Grenze nicht nur als Forschungsgegenstand sondern auch als epistemischer Rahmen, der neue Perspektiven auf Grenzziehungs- und -erhaltungsprozesse als essentielle Werkzeuge für die Schaffung von Arbeitskraft als Ware ermöglicht.

Das Buch Border as Method zeigt nicht nur auf, inwiefern die Proliferation von Grenzen den Nährboden für die Proliferation des zeitgenössischen Kapitalismus bietet. Es hat in der Forschung auch einen Gedankenprozess über Beispiele ausgelöst, in denen die Grenze als Methode der Ermächtigung, des Empowerments, der Befreiung und anti-kapitalistischer Kämpfe dienen kann. Es zeigt sich, dass dieser Perspektivenwechsel im Verständnis von Grenze als Forschungsobjekt hin zur Grenze als Forschungsperspektive eine Reihe weiterer Konzeptualisierungen von Grenzen beeinflusst.

Als eine der ersten Forschenden greift Chiara Brambilla (2015a; 2015b; Brambilla et al., 2015c) Mezzadra und Neilson’s Konzept der Grenze als Methode auf und vertieft es. Brambilla entwickelt das Konzept der ‚border as method‘ weiter, um die Grenze als Ort des Konflikts, des Kampfes und des Werdens zu analysieren (Brambilla, 2015a, S. 29). Sie verortet das Konzept der ‚borderscapes‘ im Forschungsfeld der Critical Border Studies, da es durch die Konzeptualisierung von Grenzgebieten über territoriale und staatszentrierte Eigenschaften hinaus neue epistemologische, ontologische und methodologische Herangehensweisen auf Grenzkomplexitäten und -politiken erlaubt (ibid., S. 16ff.). ‚Borderscapes‘ stehen in Verbindung mit Praktiken, Normen und Ethiken des Borderings, Performances, des Kampfes und der im ständigen Wandel befindlichen und fluiden Dimension von Grenzräumen, die politische Subjektivitäten sowie Prozesse der In- und Exklusion formen (ibid., S. 19ff.). ‚Borderscapes‘ sind verbunden mit Fragen der Politik (Brambilla, 2015c, S. 4), da sie auch auf umstrittene Räume verweisen, in denen sich hegemoniale und anti-hegemoniale Grenzpraktiken und -diskurse akkumulieren (Brambilla, 2015a, S. 20).

In ihrem Beitrag From Border as a Method of Capital to Borderscape as a Method for a Geographical Opposition to Capitalism (2015b) wendet Brambilla das Konzept der ‚borderscape(s)‘ explizit als Methode zur Reflexion über den und zur Kritik am zeitgenössischen Kapitalismus an. Zunächst merkt sie an, dass die ungleich entwickelte Landschaft, die den Nährboden für den Kapitalismus bildet, auf geographischen Grundlagenkonzepten wie ‚Grenze‘ und ‚Landschaft‘ sowie der Art, mit der diese Konzepte die Welt strukturieren, aufbauen. Nach ihrer Auffassung sollte die Geographie Alternativkonzepte zum Kapitalismus entwerfen, wie etwa das des Widerstands, das sie über das ‚Borderscapes‘-Konzept herleitet (ibid., n.p.).

Ähnlich wie Mezzadra und Neilson schlägt Brambilla vor, die Grenze nicht auf eine geopolitische Linie zwischen Staaten zu reduzieren, sondern sie neu zu denken und ihre multidimensionalen Bedeutungen in Betracht zu ziehen, um ein komplexeres Verständnis des Verhältnisses zwischen Kapital und Staat zu erhalten. Ihrer Ansicht nach handelt es sich bei Landschaft (landscape) um einen Grenzraum, der sich durch Bewegung und Wandel auszeichnet, soziale Konflikte zum Ausdruck bringt und dadurch das Potential besitzt, die Beziehung zwischen Territorium, Grenze und Kapital zu beleuchten. Basierend auf Appadurais „-scapes“ (1996), die dieser als Dimensionen globaler Kulturströme auffasst, skizziert Brambilla ihr eigenes Konzept von ‚Borderscapes‘ als eine fluide und ungleiche Form von Landschaften der Globalisierung. Die prozessuale und de-territoriale ‚Borderscape‘ befindet sich stets „in der Entstehung“ und artikuliert hegemoniale Räume und Zeitlichkeiten von globalem Kapitalismus (2015b, n.p.).

Gleichzeitig handelt es sich bei ‚Borderscapes‘ um ‚Allgemeingüter‘ – dieses Verständnis liegt nahe an Mezzadra und Neilsons Blick auf das ‚Common‘ – und können daher Orte antikapitalistischen Widerstands werden (ibid.). Borderscapes als Methode ermutigen uns daher, die Verbindung zwischen Raum und dem Politischen neu zu denken, da diese die permanenten Konflikte und Aushandlungsprozesse zwischen der Grenze als Methode des Kapitals und als Allgemeingut zur „geographischen Opposition gegen Kapitalismus“ artikuliert (ibid.). Die ‚Borderscapes‘ als Methode zu verwenden bedeutet dann „a shift from a fixed knowledge to a knowledge capable of throwing light on a space of negotiating actors, experiences, and representations articulated at the intersection of competing and even conflicting tensions (…). [it] opens a new space of political possibilities, a space within which new kinds of political subjectivities become possible“ (Brambilla, 2015a, S. 29).

Seit der Veröffentlichung des Buches von Mezzadra und Neilson und den Artikeln von Brambilla hat sich das Konzept von ‚Border as Method‘ in den Border Studies immer mehr etabliert, besonders hinsichtlich des de-kolonialen Denkens, wo es auf fruchtbaren Boden gefallen ist, der bereits von Walter Mignolo bereitet wurde. In seinem Buch Local Histories/Global Designs: Coloniality, Subaltern Knowledge and Border Thinking (2012 [2000]) hatte Mignolo bereits im Jahr 2000 die Idee des „border thinking” entwickelt und gezeigt, wie die Grenze als (epistemologische) Methode zur Dekolonialisierung genutzt werden kann.

In seinem Buch sucht Mignolo nach einer Möglichkeit, die Moderne zu überwinden und zugleich koloniale Differenz aus einer subalternen Perspektive anzuerkennen. Das Werkzeug zum Erreichen dieses Ziels ist „border thinking“ (Mignolo, 2012 [2000], S. 6), das Mignolo definiert als „the moments in which the imaginary of the modern world system cracks“ (ibid., S. 23). In diesem Sinne handelt es sich bei der Praktik des ‚border thinking‘ um ein Mittel, um andere Welten (und nicht Modernen) zu erschaffen (Mignolo und Tlostanova, 2006, S. 219). Mignolo positioniert seine Theorie bewusst im Feld der kolonialen und postkolonialen Kämpfe. ‚Border thinking‘ bedeutet Wissen und Verständnis, Epistemologie und Hermeneutik, und es fordert inherent hegemoniale Arten des Wissens und der Konstruktion der Welt heraus (Mignolo, 2012 [2000], S. 5). Ziel von ‚border thinking‘ ist es, hegemoniale und imperiale Epistemologien von Rassismus, Sexismus, Patriarchat, Heteronormativität und ethnischer Hierarchien zu hinterfragen und anzufechten (Mertlitsch, 2016, S. 137). Für Mignolo besteht das Prinzip des ‚Border thinking‘ im „thinking from dichotomous concepts rather than ordering the world in dichotomies. Border thinking […] is, logically, a dichotomous locus of enunciation“ (Mignolo, 2012 [2000], S. 85). In diesem Sinne bedeutet ‚Border thinking‘ nicht nur ein doppeltes Bewusstsein, sondern ebenfalls „doppelte Kritik“, da es sich an der Grenze des modernen/kolonialen Weltsystems einordnet und in der Lage ist, beide Seiten zu reflektieren (ibid., S. 84). Daher kann ‚Border thinking‘ als „Kritik“ und als dekoloniale Methode funktionieren (ibid.). Als Methode versucht ‚Border thinking‘ Modernität und mit ihr verbundene Auffassungen von Inferiorität und Andersartigkeit, Unterdrückung und Ungerechtigkeit zu überwinden. Dies führt zu der Erkenntnis, dass „Trans-Modernität“ nur durch Denken und Sprechen vom jeweils angenommenen „Anderen“, von der Außenperspektive der Grenzgebiete möglich ist (Tlostanova und Mignolo, 2009, S. 19).

‚Border as Method‘ ist zudem ein wichtiger Denkansatz, der die Konzepte der ‚Bordertexturen‘ und des ‚Bordertexturings‘ beeinflusst, die von der Arbeitsgruppe „Bordertextures“ am UniGR-Center for Border Studies entwickelt werden (Weier et al., 2018; Wille/Fellner/Nossem, im Erscheinen). In dieser konzeptuellen Vorstellung ist die geopolitische Grenze nicht länger eine Naht, die zwei verschiedene und getrennte nationale Gebilde verbindendet, sondern wird zu einer Textur: einer komplexen und multidimensionalen Trope und einem Topos, gesponnen aus einer Vielzahl an Strängen wie Politik, Wirtschaft, kulturelle Praktiken, ethnische, sexuelle oder andere Diskurse, die zusammenfließen und sich überkreuzen, um ein trans-nationales Kontinuum auf beiden Seiten der Grenze zu schaffen (Weier et al, 2018, S. 2). Durch die Hervorhebung, dass die Formationen von Territorien und Körpern inherent verflochten sind und die Grenze damit zu einer Textur wird, deren Analyse notwendigerweise eine Theoretisierung sozioökonomischer Strukturen, Institutionen und Strömen voraussetzt, kann das ‚Bordertexturing‘ – wie Astrid M. Fellner es verwendet – ein wichtiges Werkzeug in der literarischen und kulturellen Analyse werden. Dort „bedeutet [es] den verschiedenen Geschichten der Grenze zuzuhören, eine ausführliche Kartographierung der Grenzgebiete vorzunehmen, welche die verschiedenartig orchestrierten heteroglossischen Stimmen der Grenze aufnimmt“ (Fellner, im Erscheinen a). ‚Bordertexturing‘ basiert auf der Idee der ‚Border as Method‘ und „betrachtet die Grenze als eine epistemologische Gegenformation, die anerkennt, dass eine Grenze notwendigerweise ein Denken gegen oder jenseits westlicher Paradigmen einschließt“ (Fellner, im Erscheinen b). Für Fellner wird ‚Bordertexturing‘ dann zu einer „critical borderlands practice”, die als eine Art epistemologisches Verlernen, als Unknowing, dienen kann.

Die Betrachtung der Grenze als Methode liefert vielerlei Impulse zur Reflexion über verschiedene alltägliche Grenzbeziehungen, die derzeit unsere Gesellschaften beeinflussen. Während Mezzadra und Neilson die Rolle der Grenze in der Globalisierung von Arbeit, zeitgenössischem Kapitalismus und damit verbundenen Kämpfen demonstrieren, fordern sie uns ebenfalls auf, über andere soziopolitische Schauplätze nachzudenken, auf denen Grenzen als Methode differentieller Inklusion agieren. Wie die Beispiele von ‚Borderscapes‘, ‚Border thinking‘ und ‚Bordertextures‘ vermuten lassen, kann die Doppelbindung der Grenze unsere Aufmerksamkeit auf den Brennpunkt von Machtkämpfen, umkämpften Räumen und Wissenssystemen sowie Orten der Emanzipation lenken. Noch zahlreiche weitere Anwendungsbeispiele sind vorstellbar, bei denen die Grenze als Methode verwendet werden kann. In all diesen Theoretisierungen ist die Grenze ein sehr mächtiges Werkzeug. Sie kann, Machtverhältnisse, Hierarchien und Ausbeutungen, wie Mezzadra und Neilson argumentieren, sowohl multiplizieren als auch intensivieren oder es kann Perspektiven diversifizieren, gemeinsame Kommunikation fördern sowie Ermächtigung und dekoloniales Denken mit sich bringen und sich gegen Unterdrückung richten, wie es Konzepte wie ‚Borderscapes‘ und ‚Border Thinking‘ zeigen. Darüber hinaus trägt das Verständnis von Grenze als Methode wie im Zusammenhang mit dem Konzept der ‚Bordertexturen‘ und dem Akt des ‚Bordertexturing‘ dazu bei, hybride Zonen verwobener und kontinuierlicher Existenzen zu ent- und verwirren.

Die Arbeit mit dem Verständnis von Grenze als Methode erfordert allerdings auch, sich seine Einschränkungen bewusst zu machen, wie sie z.B. von Rumford (2014) vorgebracht wurden. Er kritisiert, dass Mezzadra und Neilsons Betrachtung der Grenze als Methode sich nach wie vor zu stark auf sichtbare, hegemoniale Grenzen wie Staatsgrenzen konzentriert, die von allen Parteien anerkannt werden (ibid., S. 43; S. 50). Stattdessen schlägt er eine multi-perspektivische Annäherung an Grenzen vor, die sich selbst von der Notwendigkeit eines Grenzkonsenses, Staatsgebundenheit und Sichtbarkeit löst (ibid., S. 45ff.). Durch diesen Perspektivenwechsel lenkt Rumford die Aufmerksamkeit auf verschiedene Arten von Grenzen, die durch alltägliche Grenzarbeit an verschiedenen Orten hervortreten und Wandlungen vollziehen und weder von allen anerkannt noch für alle sichtbar und relevant sind (ibid., S. 50f.). Mit diesem Gedankenschritt versucht er, die Bedeutung der (Staats-)Grenze als privilegierten Ort des Verständnisses für Globalisierungsprozesse zu dezentrieren und gleichzeitig einen Standpunkt einzunehmen, der mehr „wie eine Grenze“ und „weit über die Grenze hinweg sieht“ und nicht nur einen Blick auf die andere Seite der Grenze wirft (ibid., S. 52).

Wenn wir diesen multi-perspektivischen Ansatz betrachten, können wir kritisch fragen, wie, wann und wo die Grenze zur Methode wird. Im Bewusstsein, dass ‚Borderscapes‘ und ‚Bordertexturen‘ einem stetigen Wandel unterliegen und unebene membranartige Konfigurationen darstellen, müssen wir immer herausfinden, für wen die Grenze in einer spezifischen räumlichen und zeitlichen Situation als Methode dienen kann und wer unter diesen Umständen ein- oder ausgeschlossen ist. So wird die Auffassung von Grenze als Methode noch wirkmächtiger, wenn wir sie auf unsichtbare Grenzgebiete anwenden, indem wir den leisen Stimmen zuhören, über hegemoniale Grenzen hinweg schauen und die kleinen und alltäglichen Grenzkämpfe anerkennen. Die Verwendung von Grenze als Methode zur Sichtbarmachung von Grenzräumen, die aus machtvollen Grenzbegegnungen hervorgehen, verdeutlicht das analytische Potential dieser epistemologischen Perspektive. Für uns reicht das Konzept der ‚Border as Method‘ weit über Auffassungen von Staat und Territorium hinaus, da es mit einer Reihe mächtiger symbolischer und ontologischer Grenzen (wie etwa zwischen Identitätskategorien wie Race, Gender, Klasse oder Ethnizität oder zwischen verschiedenem Wissen, unterschiedlichen Mobilitäten, Politiken, Emotionen, Imaginationen und Zeitlichkeiten) verwoben ist. Es sind gerade diese Aspekte des Grenz-Epistems, die es uns erlauben, das Verständnis von ‚Grenze als Methode‘ als Werkzeug zu verwenden, mit dem wir kritisch komplexere und sensiblere Verständnisse konfliktueller Grenzen und Grenzbeziehungen entwickeln können.

 

Literatur

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Brambilla, C., Laine, J., Scott, J. W. und Bocchi, G. (Hg.), (2015c) Borderscaping: Imaginations and Practices of Border Making, Farnham, Ashgate.
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disziplinärer, theoretischer und persönlicher Hintergrund

Astrid M. Fellner ist Inhaberin der Professur für Nordamerikanische Literatur und Kultur an der Universität des Saarlandes. Sie promovierte an der Universität Wien, wo sie ebenfalls ihre Habilitation in American Studies erhielt. Sie ist Direktorin des University of the Greater Region-Center for Border Studies an der Universität des Saarlandes und Ko-Herausgeberin des dreisprachigen Border-Glossars. Des Weiteren ist Fellner Mitbegründerin des trinationalen und trilingualen UniGR-Masters „Border Studies“, in dessen Rahmen sie mehrere Veranstaltungen (gemeinsam mit Kolleg*innen) im Bereich der kulturwissenschaftlichen Border Studies leitet. Seit ihren Arbeiten zur Chicanx-Literatur und Kultur als Fulbright Scholar an der University of Austin Texas im Jahr 1990/91 interessiert sie sich für die Border Studies. 2002 veröffentlichte sie ihre Monographie mit dem Titel Articulating Selves: Contemporary Chicana Self-Representation (Braumüller). Im Feld der Chicanx-Studien ist sie zudem Herausgeberin des Bandes Body Signs: The Latino/a Body in Cultural Production (LIT Verlag, 2011) und Autorin mehrerer Artikel über Chicanx-Literatur, indigene Grenzliteratur und künstlerische Praktiken, Formen des (queer) Grenzwissens und dekoloniale Praktiken. Sie forscht darüber hinaus im Bereich der komparativen Border Studies, wo sie sich nicht nur mit kulturellen Praktiken in der Grenzregion zwischen den USA und Mexiko, sondern auch zwischen den USA und Canada und in europäischen Grenzregionen auseinandersetzt. Derzeit arbeitet sie an einem Projekt mit dem Titel Alterna(rra)tives in the Canada-US Borderlands.

Rebekka Kanesu promoviert in Humangeographie im Fachbereich Raum- und Umweltwissenschaften an der Universität Trier. Sie besitzt einen Fachhintergrund im Bereich der Sozial- und Kulturanthropologie und ihre Interessensgebiete sind Themen, welche die Mensch-Umwelt Beziehung/Assemblages, politische Ökologie und mehr-als-menschliche Geographien in Verbindung zu Border Studies umfassen. In ihrem Promotionsprojekt Liquid Lines - on rivers and borders in the Anthropocene untersucht sie die Beziehung zwischen Menschen, Fischen und dem grenzüberschreitenden Fluss Mosel als Infrastruktur von einem Standpunkt der politischen Ökologie aus, welcher z.B. grenz- und staaten-schaffende Diskurse und Praktiken berücksichtigt. Herangehensweisen wie ‚Border as Method‘ oder ‚Border Thinking‘ motivieren sie, jenseits hegemonialer Grenzformationen zu denken und etablierte epistemologische Grenzen wie etwa zwischen Natur und Kultur sowie verschiedenen Maßstäben und Zeitlichkeiten neu zu reflektieren. Darüber hinaus arbeitete Rebekka als Projektassistentin für das interdisziplinäre und EU-geförderte INTERREG Großregion VA-Projekt “University of the Greater Region Center for Border Studies“ und unterstützte die Koordination von Publikationen des CBS.

 

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